MARTIN DIT OUI A FROGIER
ET TACLE GOMES

2010 – Les Nouvelles Calédoniennes

L'homme fort de l'Avenir ensemble applaudit à la proposition de Pierre Frogier, en tant qu'elle peut permettre d'amorcer les discussions sur l'avenir institutionnel de la Calédonie. Il affirme ne pas comprendre l'attitude de Philippe Gomès qui juge dangereuse la démarche.

Si Harold Martin a pris le temps de laisser réagir les uns et les autres après la proposition de Pierre Frogier d'un drapeau associant les couleurs de la France à celles du FLNKS, c'est finalement pour mieux l'applaudir et, au passage, tacler la critique émise par Philippe Gomès et Calédonie ensemble.
La démarche n'est pas individuelle. C'est celle de l'Avenir ensemble. Pascal Vittori, secrétaire général du mouvement, y était associé.
Non seulement pour les deux hommes, la proposition de Pierre Frogier n'est « ni ambiguë, ni contraire à l'accord de Nouméa, ni dangereuse », mais elle est au contraire le geste qui devrait permettre d'ouvrir concrètement dès cette année des discussions avec les indépendantistes sur la sortie de l'accord de Nouméa.
« Il y a vingt-deux ans c'était les Evénements. Nous avions un pied dans la guerre civile. Depuis 1988 – Matignon –, depuis 1998 – l'accord de Nouméa –, c'est la paix, la prospérité, le développement », souligne Harold Martin. « Pourtant, après la poignée de mains entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou beaucoup n'y croyaient pas, notamment dans notre camp, celui des partisans de la France. Aujourd'hui, une très grande majorité remercie et salue l'audace de Jacques Lafleur et les risques politiques qu'il a pris. »
« Par cette proposition du drapeau, Pierre Frogier crée les conditions du dialogue et de la discussion avec les indépendantistes. C'est un gage d'ouverture posé sur la table des négociations. Je salue donc cette initiative. Quand il s'agit de l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, de l'intérêt général, alors il faut faire abstraction de son intérêt personnel, mettre de côté les postures politiciennes, partisanes ou boutiquières. »

L'entente républicaine sera-t-elle agitée en 2010 ?

Harold Martin dit « comprendre » que certains soient heurtés par cette proposition. « Le drapeau du FLNKS est un drapeau historiquement et politiquement très chargé. » Chargé pour certains de douleur et de rancœur. « Mais il a été reconnu par Jacques Lafleur dès 1988. »
Pour le président du Congrès, ce drapeau n'est de toute façon qu'une proposition. Rien n'empêchera au fil des discussions de rechercher un emblème plus commun et plus représentatif de l'ensemble des communautés calédoniennes. « Il sera toujours temps de trouver un drapeau plus consensuel. L'important, c'est qu'aujourd'hui, un geste fort soit fait qui permette d'engager le processus de négociations. »
Car Harold Martin persiste et signe. « Il est nécessaire de s'engager tout de suite dans une discussion sur l'après accord. » Pour lui, l'issue d'un référendum d'autodétermination ne fait guère de doute. Les partisans de la France seront majoritaires. Or, l'accord de Nouméa se termine en 2018. Après, c'est le grand vide. D'où la nécessité de travailler dès aujourd'hui à une solution institutionnelle qui demandera des compromis politiques et des innovations juridiques. Il faut donc, comme il l'a déjà dit, « profiter de l'horizon dégagé de ce début de mandature pour entamer ce chantier ». Et le président du Congrès dit ne pas comprendre l'attitude de Philippe Gomès, parti à Paris plaider la posture inverse, alors même que Nicolas Sarkozy est le premier à suggérer le démarrage rapide des discussions.
Frogier, Martin, Gomès, c'est peu dire que « l'entente républicaine » risque d'être agitée en 2010.

Philippe Frédière